Installation

C’est parti de rien

L’œuvre met en scène le passage du temps et de la matière sous la forme d’une installation elle- même éphémère et mutante, offrant une multitude de points de lecture et d’interprétation au spectateur. Tout d’abord, l’œuvre est le résultat d’une « expérience » au cœur de laquelle s’inscrit le hasard, puisque la technique du moulage choisi par l’artiste permet de produire infinité de résultats possibles en se servant du même plâtre et d’un même moule. 

La brique symbolise par ailleurs l’idée de maillons d’une chaîne, comme élément moteur de la vie où tout est lié et condamné à changer de formes et d’apparences. Le choix du coquillage est central dans l’œuvre, puisque la spirale renvoie à une forme parfaite en soi, ce qu’est la vie dans sa capacité à s’adapter sans cesse. Un autre champ de réflexion ouvert par l’installation concerne plus particulièrement la place du vivant dans l’univers. La coquille, qui a pour but de protéger l’animal contre les agressions de son environnement, semble ici dérisoire, puisque l’Ammonite Perisphinctes (le mollusque choisi pour faire les plâtres), quoique bien protégé, est une espèce qui a fini par disparaître. 

Le choix du fond noir rappelle et renforce également ce sentiment de fragilité du vivant. Par extension, le travail de l’artiste nous renvoie à cet instinct universel de l’homme qui aspire depuis toujours à la conservation et à la vie éternelle. Enfin, l’œuvre trouve un sens particulier dans le lieu d’exposition lui-même, le collège-lycée Notre Dame des missions. On peut voir dans la trace de ces coquillages qui ont été les premiers être vivants à « vivre sous un toit », une image de la jeunesse, comme forme lovée, fragile et vulnérable. Une jeunesse qui peut éprouver de la peur face au monde des adultes et qui doit apprendre à se protéger par la sécrétion d’une carapace.

 Par leur regard et leur discussion autour de l’œuvre, les jeunes pourront contribuer à faire évoluer l’installation ; il leur est même donner de faire passer ces briques d’une vie minérale à une existence vivante en en faisant un matériau pour leur construction intellectuelle.